Marcellines Sans Frontières Lausanne

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Nous sommes fin prêts

notre logo, une création de Julie Kloeckner
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L’Association Marcellines Sans Frontières Lausanne est fière de vous annoncer que son projet de voyage humanitaire au Bénin se concrétisera du 5 au 20 juillet 2015.

L’idée avait germé en décembre 2014 et depuis s’est enclenché le chronomètre d’un marathon.

Février 2015 : Création de l’association.

Mars 2015: Mise en place des ateliers-sports hebdomadaires destinés à former nos bénévoles à leur mission pédagogique au sein de l’école Sainte-Marcelline de Glo Yêkon/ campagne de vaccinations des bénévoles. Plusieurs actions caritatives ont été organisées : soupe du Carême, goûter du Carnaval, collecte de matériel scolaire et de jeux au primaire.


Avril 2015 : Cross solidaire dont les bénéfices seront entièrement reversés à l’école et au village béninois Glo Yêkon.

 

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 La    liste    des   besoins   est   longue,  MSF 

 Lausanne  s’engage  à  travailler  sur le long

 terme  en  aidant   Sœur  Clarice,   directrice 

 de  l’établissement   scolaire,  à   développer 

 son école.

 

 Cette     année,   nous   nous   proposons  de  la

 soutenir,    elle    et    ses    400    élèves,      en

 répondant   à   sa   demande    d’introduire    le

 sport   dans   le     programme    scolaire.  Nous

 apporterons donc des équipements de sport (pour le badminton, le basket-ball et le handball). Jour après jour, nos élèves se chargeront de gagner l’enthousiasme et des élèves et des enseignants pour s’assurer de la pérennité du projet.

Des carnets de bord en ligne (blog du site : www.msflausanne.ch) et reportage-photos vous permettront de suivre au quotidien notre équipe de lycéens.

Parallèlement, une équipe de bénévoles italiens, tous issus du monde professionnel, se propose de nous accompagner sur place pour enseigner aux jeunes enfants de la Grande Section de Maternelle à la 6ème des compétences d’un intérêt souvent vital.

Nous les avons donc rencontrés le 2 mai à Milan à la maison-mère de la Congrégation des Marcellines, sous le regard approbateur de la Supérieure générale, Mère Marie-Ange Agostoni.

Au Bénin, un expert démontrera l’importance et la facilité du processus de filtration de l’eau pour la rendre potable. Un agronome créera l’atelier potager pour apprendre aux enfants à cultiver leur propre jardin, au sens le plus vrai du terme.

Enfin, une équipe de théâtre professionnelle se chargera d’amener les jeunes Béninois de Sainte-Marcelline à découvrir de nouvelles formes d’expression pour produire un spectacle musical de fin d’année.

Les lycéens de Valmont serviront d’intermédiaires entre les professionnels (pour la plupart non francophones) et leur jeune public. Une coordination en amont des deux équipes (rencontre prévue le 6 juin à Lausanne) permettra à nos professeurs en herbe de se préparer dans les domaines de l’agronomie, l’hydraulique et des beaux-arts. Ainsi, ils maîtriseront le contenu de leurs leçons et la démarche pédagogique à adopter pour faire profiter leurs disciples de ces nouveaux domaines de savoir. Les enseignants béninois, multiplicateurs de choix, seront eux aussi formés sur place. L’objectif demeure celui de faire perdurer les bénéfices de notre passage au Bénin.

Grâce aux fonds récoltés, en plus du matériel de sport qui remplira nos valises, MSF Luasanne investira dans le financement d’un poste de documentaliste sur 3 ans. Le but en est faire vivre la bibliothèque de l’école à laquelle les écoliers n’ont pas accès, faute de personnel.

Par ailleurs,  l’association se donne pour mission de soutenir l’effort de construction du gymnase dont les travaux avancent au ralenti, en faisant intervenir des experts en infrastructures en mission au Togo.

Le réseau électrique devra aussi faire l’objet d’un état des lieux. L’objectif sera de le rendre fiable afin de bientôt permettre l’investissement tant souhaité par Sœur Clarice dans une salle informatique équipée. MSF Lausanne prendra le relais pour veiller au choix et à l’installation optimale des équipements informatiques. Elle se chargera également de la formation des personnels enseignants aux nouvelles technologies.

Aussi relançons-nous notre appel à vos dons. Votre parrainage permettra la réalisation de projets concrets. Les bénéfices en seront immédiats et dans le long terme. Marcellines Sans Frontières Lausanne et les élèves bénévoles de Valmont travaillent pour une éducation meilleure et pour le partage des savoirs. 

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Sœur Clarice nous a fait l’honneur de sa visite début mai 2015 à Lausanne. Entourée des bénévoles et de leurs parents, elle accueille le projet des Marcellines sans Frontières Lausanne avec une grande joie et nous attend avec impatience.

Rite initiatique

Ce qui nous attendait ce matin relève de ce qu’on nomme communément l’inattendu. Mais de fait, rien de tout ce que Julie, Léandre, Mia, Gabriel, Mathilde, Christophe, Tony, Thibaud et Paul ont vécu ne semblait ordinaire. Tout au contraire !  Les uns parlaient de tsunami d’émotions, les autres de raz de marée d’enfants suspendus en grappe à vos bras, d’autres encore se sentaient envahis dans tous leurs pores par la moiteur ambiante et la chaleur latente qui dès l’aube s’annonçait.                                                      

L’ambition du groupe de bénévoles de Lausanne ce matin encore était d’initier les petits écoliers de l’Ecole Sainte-Marcelline de Glo Yêkon aux trois sports qu’il avait méticuleusement étudiés, des mois durant, en théorie et en pratique, grâce à un entraînement pédagogique régulier auprès de leurs très jeunes camarades de l’école primaire de l’Ecole Française de Lausanne Valmont. Mais ce matin, ce beau matin de début juillet, au Bénin, Maîtres Léandre, Gabriel, Christophe, Tony, Thibaud et Paul et Maîtresses Mia, Mathilde et Julie n’en revinrent pas !  L’accueil que leur réservèrent les petits Béninois n’avait pas de commune mesure. En réalité, ce matin-là, les Maîtres allaient être ceux qu'on allait initier... au rite d'accueil!

Bonne arrivée, nous souhaite-t-on ici. Et associant le geste à la parole, Jean le Cuisinier spécialement venu de Cotonou nous concocte un beau petit-déjeuner copieux: papayes fraîches et goyaves, thé, café et omelettes, tartines et confitures (-maison importées !). On se raconte sa courte nuit, bien entamée par une longue route  de l’aéroport jusqu’à cette école qui nous accueille comme une maison d’enfance. On venait de quitter les Sœurs Marcellines en Suisse pour retrouver Sœur Clarice, qui nous attendait les bras ouverts.

 

La cérémonie des couleurs : là commence le rite initiatique. En petite file indienne, elles chantent et dansent un petit air qui nous salue. Même les plus beaux efforts ne permettraient pas de s’imaginer une telle scène dans le décor de notre chère école Valmont. Et même si on y parvenait, il serait alors impossible de concevoir une chorégraphie aussi aérienne et aisée que celle qui soudain fait s’élever nos sourcils et nos cœurs. Serais-je sous l’emprise d’un rite vaudou ? Les esprits du Bénin se seraient-ils déjà accaparé une partie de moi ? Émerveillés, sourire béat, nos jeunes bénévoles ont l’œil mouillé devant tant de ferveur, dans le chant, dans la danse et dans la prière du lundi matin, sous les couleurs du drapeau du Bénin. Les marmots de Glo Yêkon ont tenu à les saluer comme on le fait ici. Ils se sont beaucoup donnés. Ils ont exprimé leur joie de vivre un petit bout d’aventure humaine avec nous, venus d’une contrée lointaine. Ils ont tout donné, et cela avant même de recevoir.

 

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Gourous du sport

Si le premier jour de notre arrivée s’est déroulé dans une atmosphère euphorique, la journée du mardi nous ramène illico presto les pieds sur terre. Les premiers cours de rugby, handball et basket-ball ont bel et bien été dispensés la veille selon le planning et à la lettre. Et l’accueil qui fut réservé aux nouveaux gourous de la balle avait été franc et passionné.

 

Mais en ce mardi,  notre équipe de Valmont se doit de poursuivre cette tâche, sans l’effet de surprise dont elle a profité la veille. Il faudra désormais s’assurer de s’imposer, jour après jour auprès de classes certes enthousiastes, mais vives. Difficile de tenir en place quand on vient tout juste de nous encourager à courir comme un déchaîné …

 Paul et Thibaud, gourous du rugby, s’attellent à la tâche et passe après passe, les élèves les suivent et ne les lâchent pas ! Attrape le  ballon comme ça, conseille Paul. Accélérez la cadence, ordonne Thibaud ! Au rugby, ça ne rigole pas… sauf peut-être quand on a réussi une belle passe !

Les spécialistes du handball Julie et Gabriel, qui s’étaient faits respectés dès la première minute grâce à une autorité digne des plus grands maîtres (avec pour devise répétée 11 fois la minute : « si tu te lèves, tu n’auras pas la balle »), s’émerveillent du miracle produit en une nuit. Plus besoin de reprendre la devise, les élèves restent assis et écoutent les instructions, patiemment, avant de se mettre en place sur le terrain, pour s’exercer au tir au but.

 Mia, Léandre et Mathilde font équipe autour des élèves du Cours Préparatoire pour les préparer à la fête de fin d’année qui aura lieu le jour de la Sainte-Marcelline, vendredi 17 juillet. Masques africains à colorier et découper, les petites mains habiles se font un plaisir à manier les feutres de mille couleurs, même si beaucoup de ces feutres ne survivront pas à la passion du geste des petits artistes peu habitués aux activités créatives. On alterne et propose des chants et danses, mais celui qui fait l’unanimité, c’est celui de Marouschka. Mia & Mathilde, le nom d’une nouvelle équipe de chorégraphes. Léandre, design & Co, un nouveau bureau avec sa succursale à Glo ?   

 

Christophe et Tony, ce jour-là en équipe itinérante destinée au renfort des ateliers, ont d’abord trouvé leur mission dans le cours d’anglais improvisé. Les 6èmes révisaient les nombres, l’alphabet, les questions de présentation… Après une brève introduction de ces quelques notions, Mister Christophe se lance : « How do you say bus ? », « How do you say wheels ?», « repeat after me : the rain : la pluie »… Mister Tony fut mis au défi, il le releva, d’une main de maître. „How do you spell wipers?“, „how do spell your name?“. Les écoliers de Sainte-Marcelline n’en perdent pas une miette ! C’est qu’on a ici aussi conscience de la nécessité de bien maîtriser les langues étrangères si l’on veut un avenir dans son pays.

 

 

Démarches effectuées Jour 1, Jour 2 & Jour 3.

 

  • Visite de la Journée à l’Orphelinat du village pour s’entretenir avec le dirigeant qui nous fait part en détail des besoins de la structure d’accueil des enfants orphelins.
  • Rencontre  avec l’Association des Jeunes pour le développement de Glo Djigbé et Marcellines Sans Frontières Lausanne et échanges sur un projet d’étroite collaboration pour promouvoir la Jeunesse, l’éducation, la protection de l’environnement de Glo Djigbé.
  • Signature du contrat d’achat des pousse-pousses destinés à faciliter la collecte des déchets et le nettoyage de la place du marché.
  •  Etat des lieux du système électronique de l’Ecole Sainte-Marcelline de Glo Yêkon et réflexion sur la nécessité d’une rénovation complète du réseau électrique de l’établissement scolaire.
  •  Discussion autour du projet de bibliothèque avec Maître Germain, enseignant de mathématiques au collège et Sœur Clarice.
  • Visite du marché de Glo Djigbé et achats de tissus.
  • Commande de coupe et couture sur-mesure de deux artisans en couture
  • Rendez-vous en série auprès de 4 coiffeuses locales pour tresses africaines pour filles… et garçons !
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Orphelins d'ici

Nous nous rendons pour la seconde fois à l’orphelinat, cette fois pour y passer l’après-midi avec les orphelins, tous âgés entre 5 et 18 ans. Ils sont une trentaine à nous attendre. L’orage de la nuit passée et les trombes d’eau qui nous assaillent durant plusieurs heures ont transformé le chemin de terre rouge en un parcours  des tongs combattantes ; s’accrochant comme elles peuvent à nos orteils, elles se frayent un chemin tout juste praticable et nous guident jusqu’à la porte d’entrée d’une maison qui compte une seule pièce commune sans fenêtre et recouverte de tôle ondulée.  Des tables en bois, des bancs de part et d’autre, on s’y installe. Les jeux de société et la lecture s’y avèrent vite impossibles. Nous sommes dans une semi-obscurité et nos mots ne peuvent s’imposer face au vacarme que la pluie provoque sur ce toit métallique de misère. On nous invite bientôt à nous installer à l’extérieur, on pousse les tables, on déplace les bancs. On est tellement mieux là. Les orphelins nous mettent au défi et entonnent des refrains, en langue fongbé ou en français, des comptines mêlées à des chants d’église, presque toujours accompagnés des mains qui donnent le rythme. Nos bénévoles se concertent et se lancent dans une série de chants rythmés par les mains aussi : We will rock you, Marouschka, Marouschkaïa… et laMacarena ! Il fallait y penser ! Le public semble apprécier. Le défi a été relevé, ouf !

Puzzles et livres de conte sont distribués. Aux plus petits, on fait la lecture, aux moyens on fait découvrir les astuces qui permettent de ne pas se décourager face à 200 pièces à assembler. Quant aux plus âgés, ils se font un plaisir de lire, tour à tour, une page du conte choisi par leur soin. De nouveau, on chante, danse, récite des poèmes, dont les fables de la Fontaine. A notre grande surprise, nous constatons que Maître Renard est lui aussi passé par là.

L’atmosphère bon enfant ne nous fait oublier à qui nous avons affaire. Et l’émotion est vive quand l’un d’entre eux chante sa joie de vivre. Nous avons apporté une valise complète de livres, fournitures scolaires, peluches, casquettes, vêtements… mais cela semble si dérisoire face aux besoins de ces enfants qui n’ont littéralement rien, pas même un lit pour dormir et tenter de rêver à une autre vie. Bien que tous scolarisés dans une école voisine, très peu iront au-delà du Brevet et moins encore étudieront, même si actuellement l’une d’entre eux fréquente l’université de Calavi.

Nous aimerions offrir beaucoup plus à cet orphelinat dont les moyens manquent. Le Lions Club a entrepris de financer un projet de construction de nouveaux locaux. Peut-être sera-t-il de notre tâche de veiller à l’aménagement de salle d’études, d’une bibliothèque, de dortoirs dignes et d’une cuisine qui serviraient aux repas en commun. La prise de contact a au lieu, et une relation de confiance a été établie. Maître Germain, professeur de mathématiques en 6è et bientôt 5è, fait le lien. Très engagé au sein de sa paroisse, il intervient régulièrement auprès de l’orphelinat pour aider ces enfants.

Nous nous faisons un devoir de revenir et de proposer une aide plus conséquente.

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En classe...

Les bénévoles sont si autonomes qu’Estelle et moi-même sommes assez disponibles pour nous impliquer dans l’enseignement des mathématiques, du Français Langue Etrangère et de l’anglais. L’objectif est de proposer un enseignement moins frontal, plus interactif. Nous trouvons en la personne de Maître Germain le parfait candidat à l’innovation. Déjà, sa classe de 6ème représente une exception car seul lui  a préféré installer tables et chaises de telle manière que les deux moitiés de classes se font face. Le Maître n’est pas le premier centre d’intérêt, l’échange prime.

L’heure d’anglais est une pure improvisation. Free-style, comme dirait Christophe et Tony qui m’accompagnent. Nous savons que la classe vient de découvrir la langue anglaise et qu’une révision de ce qu’ils ont abordé depuis septembre dernier serait la bienvenue. On nous donne carte blanche. Gros blanc pour commencer. Puis improvisation. What about the alphabet ?  Ay, Bi, Ci, Di et c’est parti. And now ? What’s your name ? How do you spell it ? L’heure passe, Tony se démène, Christophe poursuit son marathon et impose un test de vocabulaire. Petite revanche de l’apprenant qui désormais enseigne ? En tout cas, les élèves apprécient.

L’heure de Français Langue Etrangère est, elle, préparée, le but étant de montrer une des utilisations didactiques de l’informatique. Exploitant mon expérience de professeur de FLE longue de 18 ans, je propose à Maître Nicodème la révision de l’accord du participe passé avec le verbe avoir. Projecteur, ordinateur et baffles sont installés. Présentation PowerPoint à l’appui, les élèves procèdent à une lecture en chœur de la règle. Très vite, nous passons à l’application en travaillant tous ensemble sur un exemple, puis un deuxième. Ensuite, les enfants sont amenés à travailler individuellement, nous corrigeons les phrases une à une. Le rythme est soutenu, l’ordinateur nous permet de faire défiler les réponses instantanément, sans nous faire perdre le fil de notre travail. La couleur facilite la lecture  des verbes et le repérage du point de grammaire. Les étapes suivantes sont plus ludiques : compétition de groupe, à qui aura le plus de bonnes réponses et donc de points ; compétition globale, quel groupe aura le premier écrit trois phrases à partir d’informations données. Le premier groupe récolte tant de louanges que tous redoublent d’efforts pour faire au moins aussi bien. Ils coopèrent et s’appliquent, corrigent les phrases de leurs partenaires et lèvent le doigt pour enfin recevoir ce qui leur est dû : le compliment !

 L’heure de mathématiques : d’emblée, Estelle a une manière très ludique d’aborder les opérations. Dés en main, elle rappelle en quoi consistent l’addition, la soustraction, la multiplication et la division. Les dés roulent, et bientôt la compétition commence. Qui parviendra à obtenir le chiffre-cible en utilisant les 4 opérations sachant que la division rapporte le plus de points ? Les neurones, les cerveaux fument, les futurs Einstein sont concentrés. C’en est impressionnant !   

Estelle et moi nous proposons demain de faire une leçon d’anglais et de FLE au CM2 avec ordinateur et projecteur à l'appui. Plus tôt les élèves seront familiarisés avec l’outil informatique, plus aisé sera leur apprentissage des nouvelles technologies. Ce que nous soupçonnions, Maître Germain nous l’a confirmé : en arrivant à l’université, les nouveaux étudiants sont confrontés à une nouvelle barrière linguistique : le langage informatique. N’ayant pour beaucoup jamais été familiarisés avec l’ordinateur, les élèves béninois ayant la chance d’accéder à l’université sont désavantagés. Marcellines Sans Frontières Lausanne aimerait remédier à cette lacune. Cette première approche sur le terrain nous permettra de concevoir un projet qui englobera un investissement en matériel informatique et en formation professionnelle du corps enseignant.

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Sur les traces de nos esclaves…

Le passé est le passé. Nous savons cependant qu’il ne faut pas l’oublier. Les Béninois en préservent jalousement les traces. La longue période du commerce des esclaves est un chapitre de l’Histoire dont le Bénin s’est vu devenir le triste théâtre, des siècles durant. Ouidah et sa porte du non-retour est là pour en témoigner. Il nous a donc semblé nécessaire de conduire nos bénévoles, accompagnés des enseignants de l’école Sainte-Marcelline sur les traces de ces esclaves. Venus de toute l’Afrique de l’Ouest, on les acheminait jusqu’à Ouidah, où les bateaux-négriers embarquaient pour livrer leur marchandise humaine au Brésil et autre pays d’Amérique du Sud et du Nord. Maître Nicodème a le visage tendu, l’émotion est forte. Nous parcourons ensemble les quelques mètres qui nous séparent de la mer houleuse. Le Golfe du Bénin, point de non-retour au pays, pour ces sujets des rois d’Abomey et d’ailleurs, lesquels n’hésitaient pas à les marchander pour s’offrir des pacotilles. Responsabilités partagées certes, mais sentiment de culpabilité quand même.

La démarche semble productive. On se recueille devant la Case, maison dans laquelle on incarcérait des semaines durant les esclaves pour les préparer à ce qui les attendait. Plongés dans l’obscurité sans jamais voir la lumière du jour, on rationnait l’eau et les vivres pour les endurcir. Nombre d’entre eux moururent avant même d’être embarqués. Le cimetière des esclaves est là pour le rappeler. On se recueille…  et puis la force des vagues nous ramène au présent. Les pieds dans l’eau, nous nous faisons tous surprendre  et sommes submergés. Eclats de rire et courses joyeuses nous réconcilient et nous rappellent  l’essentiel : ce que nous vivons aujourd’hui avec nos collègues et amis béninois nous apporte tant et portera plus loin encore notre amitié.

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Né un 14 juillet à Glo Djigbé

Le Centre de  Santé de Glo Djigbé
Le Centre de Santé de Glo Djigbé

Maternité de Glo Djigbé, un arrondissement de 14 communes, dont le village Glo Yêkon où nous sommes depuis 10 jours.

Tout frais sorti du ventre de sa mère, le bébé auquel nous avons rendu visite cet après-midi est encore sans prénom à l’heure où vous lisez ces lignes. Il est né il y a quelques heures et déjà nous craignons pour sa vie. Non pas qu’il soit atteint d’une quelconque malformation ou d’une maladie grave, tout au contraire, ce petit bébé aux rondeurs encore peu fermes respire la santé. Son lieu de début de vie est par contre un endroit où le mot « hygiène » n’a pas trouvé sa place, et encore moins son sens. Les bénévoles ont avec nous visité les locaux : le centre de santé, dispensaire vétuste, qui ne comprend que deux pièces et trois lits, un lavabo des plus rustiques, un bureau de consultation et un gros cube qui sert de réfrigérateur où sont stockés les vaccins. On y vient soigner ses blessures, son paludisme, sa pneumonie, nous dit l’infirmière.

Un peu plus loin, la pharmacie aux rayons vides. Vient ensuite la maternité qui nous accueille la porte grande ouverte, charnière cassée. Là, 15 lits en rangée ou le long du mur, revêtu d’un tissu synthétique qu’on appelle communément « skaï », pour beaucoup percés. Au sol, du béton lissé mais aussi cassé : un trou béant qui n’attend qu’une cheville distraite pour la tordre, une jeune maman occupée à bien tenir son bébé pour la faire trébucher. Les fenêtres sont toutes sans exception dépourvues de grillage anti-moustiques, dans un pays où la malaria guette, répandue par des moustiques anophèles particulièrement agressifs à la tombée de la nuit. Cela tombe mal car ce soir, ce nouveau-né du 14 juillet ne sera pas protégé : la porte branlante et les ouvertures des fenêtres des 4 coins de cette chambre unique donnent libre accès aux prédateurs qui se presseront pour piquer de leur dard sa tendre peau.

Choquées, nous avons pressé les jeunes hommes de l’association que nous soutenons, l’Association des Jeunes pour le Développement de Glo Djigbé pour qu’ils entreprennent sur-le-champ le remplacement de la charnière afin de refermer la porte d’entrée de la maternité. Nous avons profité de cette occasion pour nous rendre auprès du Chef d’Arrondissement, le CA récemment réélu, parent d’un de nos élèves ici à l’Ecole Sainte-Marcelline. Les présentations faites, il a approuvé notre engagement et remercié l’ensemble des bénévoles de MSF Lausanne et de Stella Maris pour le soutien que nous lui apportons. Encore sous le choc de ce que nous venions de découvrir, nous lui avons fait part de notre émotion et avons lancé un appel à lui et son équipe qui l’entourait pour remédier au plus vite à l’urgence  de la situation des femmes et nouveau-nés de la maternité qui se trouve à 50 mètres de son domicile. Son approbation nous a soulagées. Ils seront au rendez-vous demain matin à 9 heures avec nos élèves-bénévoles pour préparer le ciment et réparer le sol, poser des grillages et les moustiquaires spontanément offerts par Sœur Clarice. Il leur suffira de traverser la « voie » comme ils appellent l’axe routier qui les relie à Cotonou.

Ce geste restera lui aussi dérisoire mais essentiel. Nous sommes conscients de la nécessité d’agir vite et sur le long terme. Vittoria, médecin et bénévole de Stella Maris elle non plus n’a pas caché son émotion et réfléchit à un projet d’aide. Déjà les membres de sa famille (dont le papa est gynécologue, le frère urologue) et quelques-uns de ses collègues l’avaient envoyée en éclaireur. Elle a désormais trouvé sa mission. Mais elle sait qu’elle et son équipe auront besoin de soutien financier. Notre partenariat dans ce premier projet à l’Ecole Sainte-Marcelline vient de trouver une nouvelle forme. Nous allons ensemble élaborer un projet d’aide médicale pour Glo Djigbé.

A chaud, et par conviction, nous vous lançons donc cet appel aux dons pour dans l’urgence offrir des conditions de vie dignes au « Bébé du 14 Juillet ». Nous reviendrons vers vous en septembre pour vous raconter comment notre premier petit geste de ce soir et de demain auront contribué à protéger la vie de ces petites créatures humaines si fragiles.

Fin de journée sportive : nos petits singes-bénévoles n’ont rien perdu de leur énergie. La perspective de l’action humanitaire de demain leur a donné des ailes, les voilà qui grimpent au ciel…

 

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Retour au bercail

Notre bébé du 14 juillet ne nous a pas attendu et a pris dès ce matin très tôt le chemin de sa nouvelle maison. Nous nous en sommes presque réjouis car ce que nous avons découvert en apportant nos balais, pelles,  seaux et serpillères, c’est que l’apparente vétusté du centre de maternité cachait une saleté qu’on ne pouvait à peine imaginer. Le sol, les murs, les fenêtres, mais aussi les lits étaient tout recouverts de moutons poussiéreux datant de longtemps. Très longtemps.

Des restes de fruits pourris et moisis, des nids d’insectes, des refuges de cafards et des fourmilières y avaient trouvé leur place. La présence de cette crasse était difficile à supporter, mais de savoir que c’était dans cette même crasse qu’une centaine d’enfants voyaient le jour à Glo Djigbé était juste intolérable. Aujourd’hui sont nés les 48ème et 49ème bébés de juillet. 50 autres sont annoncés pour le reste du mois.

Les bénévoles de Marcellines sans Frontières se  sont démenés et ont pris leur mission à cœur pendant qu’Estelle et moi faisions nos démarches pour évaluer notre marge de manœuvre. Pouvait-on commander des lits ? Des matelas peut-être ? Ou même de nouvelles housses de matelas ? Quand les nouvelles seraient-elles livrables ? Les moustiquaires ont besoin d’être suspendues : pouvons-nous faire venir un menuisier pour qu’il remette en état les baldaquins de fortune ? Et la porte percée peut-elle être remplacée, ou même comblée ? Sera-t-il possible de déranger de nouveau ces mamans et leurs protégés demain pour procéder à la réfection du sol ?

Nous sommes entourés de gens de bonne volonté qui malheureusement considèrent les lieux publics comme n’étant pas de leur ressort. L’Association des Jeunes pour le Développement de Glo Djigbé a pris l’initiative d’y remédier en procédant au nettoyage régulier de la place du marché. Nous leur avons ouvert les yeux sur la nécessité d’en faire autant dans le centre de Santé de l’arrondissement. Nous faisons équipe avec les Jeunes de Glo Djigbé et notre partenariat inclura une clause concernant l’entretien et le nettoyage régulier de la maternité. Nous nous entendons.

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et encore un cross solidaire!

Si les ateliers sport ont  suscité un réel intérêt de la part des écoliers de Sainte-Marcelline, l’idée de courir un cross leur a paru tout à fait naturelle. Nos jeunes professeurs de sport, désormais riches d’une expérience longue de … 10 jours, prennent soin d’expliquer la démarche de ce cross qui se veut solidaire. Autrement dit, il s’agit de dire merci à ceux qui, en Suisse, contrée si lointaine, l’ont initié pour eux. Tout un symbole.

 

Ce jeudi, une pluie légère rafraîchit les visages mais déjà les enseignants locaux parlent d’annuler la course du siècle. Nous demandons patience et le ciel nous accorde ses faveurs : il cesse de pleurer de ses chaudes larmes. Top départ, les petits se lancent et courent à perdre haleine. Heureusement, leurs Maîtres Christophe et Tony les rappellent à l’ordre et donnent la cadence. Tous suivent, même Maître Gilles qui depuis le premier jour n’a jamais caché sa joie de nous voir parmi eux. Il aura participé à toutes les activités que nous avons proposées à sa classe de CP, y compris « 1, 2, 3, soleil ! ».

 

Maîtresse Julie et Maître Gabriel prennent le relais et mènent la course, le nombre de tours s’agrandit en fonction des classes : les CP en feront 2, les CE1 & CE2 en parcourront 3 et les plus grands jusqu’à 4 ! Léandre se sent appelé : il doit mener ses brebis jusqu’au but, il prend ses jambes à son cou et le voilà poursuivi par une flopée de petits garnements ambitieux qui ne veulent pas le lâcher d’un pas. Thibaud, Mathilde et Paul ne tardent pas à le rejoindre, eux-mêmes émergeant d’une marée de coureurs au pas souple. Car il faut préciser que la plupart ont pris soin d’ôter leurs chaussures de ville avant de se lancer dans le parcours sportif. Pieds nus, leurs foulées se font légères, pointe du pied en guise d’amortisseur, talon rebondissant, enjambée large et  pose du pied fugace. La technique n’est pas sans rappeler celle des Kenyans ou d’un certain Abebe Bikila, médaille d’or du marathon des JO de 1960. Le spectacle est grandiose. La chaîne humaine qui se forme sur les cent derniers mètres de la course est enthousiaste, d’autant plus que chacun des jeunes coureurs reprend du poil de la bête en savourant son premier « Carambar » !

 

Sœur Clarice n’en croit pas ses yeux ; ses petits protégés sont encore tous là en cette veille de vacances, preuve que le programme que nous leur offrons depuis deux semaines les motive et stimule. Elle nous fait part de sa reconnaissance, pudiquement.

 

Maîtres Bonaventure, Nicodème, Germain, Gilles, Georges  et Daniel ont su également montré l’exemple en participant au cross. Nous les en avons félicités ! Une manière très sportive de dire un grand merci aux élèves et enseignants de l’Ecole Française de Lausanne Valmont pour les bénéfices reversés au profit de l’école-sœur du Bénin !